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La ville piétonne idéale

Dernière mise à jour : 1 avr.

Linda Blankenstein, Tiré de City deal Ruimte Voor Lope Magazine, Edition 04


La création d’un réseau fait du piéton une véritable priorité

Il n'y a pas de commune sans trottoirs. Et quand il n'y a pas de trottoir ? Le code de la route autorise alors l’usage de la piste cyclable ou de la voie carrossable. Cela ne constitue toutefois pas un réseau piétonnier, explique Dennis van Sluijs, spécialiste des piétons. « Dans de nombreuses communes, il existe un véritable fromage suisse de chemins piétonniers non reliés, et aucun réseau avec des interconnexions logiques. » « De plus, ce réseau piétonnier n'est pratiquement pas cartographié », ajoute l'urbaniste Annemieke Molster. « Comment pouvez-vous mettre le piéton au centre de votre politique sans savoir quels sont les principaux itinéraires pédestres ni où se trouvent les principaux goulets d'étranglement ? Sans un réseau piétonnier cartographié, vos choix politiques restent des coquilles vides ». Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour créer ce genre de carte. En revanche, si vous combinez les données et la connaissance des rues locales, vous ferez un grand pas en avant.



Phase de transition

Amsterdam a été la première ville à disposer d'une carte de réseau, suivie entre autres par Arnhem, Harderwijk et Tilburg. Pour l'instant, il s'agit d'un groupe restreint. D. Van Sluijs : « L'attention portée à la place du piéton dans l'espace public est récente. Cette transition prend du temps ; il en a été de même pour le réseau cyclable. Si le réseau piétonnier devient aussi bon et attrayant que notre réseau cyclable, beaucoup plus de gens marcheront ». Ce type de réseau peut être abordé depuis différents angles politiques. Harderwijk l'a fait pour rendre des destinations importantes plus accessibles aux personnes handicapées, Arnhem parce qu'elle a placé le piéton au cœur de son plan de mobilité durable, une autre commune pour lutter contre la pauvreté en matière de transport dans certains quartiers.


Un réseau en plusieurs couches

Un réseau piétonnier comporte trois couches. La première est le réseau de base. Elle comprend tous les chemins piétonniers reliant toutes les portes d'entrée et doit être accessible à tous. La deuxième couche est le réseau principal, qui englobe les principaux itinéraires piétonniers. La mise en ordre du réseau principal est la priorité absolue, car les itinéraires relient des points d'origine et de destination majeurs. A. Molster : « La manière dont une commune interprète cette phase dans la pratique peut varier. Cela peut aller de l'élargissement et de l'amélioration de l'entretien des principaux itinéraires piétonniers à l'assurance que les piétons puissent traverser plus rapidement. De préférence, tous ces éléments, bien sûr. » Le réseau vert et de détente constitue la troisième couche et obéit à des principes et priorités de nature différente. Ce réseau peut coïncider en partie avec le réseau de base ou principal, mais il est aussi partiellement différent. « Prenons le cas des sentiers dans les parcs et le long de l'eau. Les exigences de qualité peuvent y être différentes : un chemin de gravier ou un éclairage moins performant peuvent par exemple suffire. »


« Sans un réseau piétonnier cartographié, vos choix politiques restent des coquilles vides »


Des données manquantes ou simplement incorrectes

Vous commencez par empiler des couches de cartes SIG avec toutes les installations, infrastructures et autres informations pertinentes. Ensuite, les choses se compliquent. A. Molster : « Vous ne pouvez pas faire des sentiers pédestres une couche cartographique dans votre système SIG, comme c'est le cas pour les pistes cyclables ou les autoroutes. Une rue résidentielle n'est pas considérée comme un chemin piétonnier, pas plus qu'une piste cyclable partagée. Il est possible d'utiliser le réseau cyclable ou les routes d'accès comme alternative, mais ceux-ci ne correspondent pas toujours, loin s'en faut, à des itinéraires pédestres. De plus, vous préférez tracer l'itinéraire le plus logique que les gens aimeraient également emprunter. Donc pas le long d’une route d'accès très fréquentée, mais plutôt le long d'une rue plus calme qui lui est parallèle. En outre, les données disponibles sont souvent en décalage avec la réalité. Il peut par exemple bien exister un sentier pédestre, mais il n'est pas encore identifié, ou pas en tant que tel, dans le système. Aucune couche cartographique ou application n’identifie correctement tous les sentiers. Des données exactes à 90 %, c'est bien, mais si l'on zoome, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de divergences qui peuvent donner des résultats inutilisables.


« Des données exactes à 90%, c’est bien, mais pas dans la pratique »


Compléter les liens manquants à l'aide des données locales

Les connaissances locales sont donc essentielles pour combler les liens manquants et remédier aux erreurs présentes dans vos données. A. Molster a organisé des séances de travail avec des collaborateurs de différents services et a parcouru les rues avec eux : « J'ai déroulé un croquis sur la carte et j'ai dit : « Voici selon moi les itinéraires pédestres logiques, mais vous connaissez ce quartier encore mieux que moi, alors complétez cette carte et améliorez-la ». D. Van Sluijs : « Impliquez de nombreux domaines politiques différents. Outre la circulation, l'espace public, la gestion et le cadre de vie, par exemple, il y a aussi le bien-être. Chacun a un point de vue différent et après une seule session, ils auront une bien meilleure compréhension du point de vue des piétons. A. Molster n'a délibérément pas associé les habitants d'Arnhem au processus en raison du temps et de l'argent supplémentaires que requiert la participation des habitants à cette échelle, mais D. Van Sluijs l'a fait pour le quartier de Paddepoel à Groningue.



Photo : Réseau piétonnier Harderwijk
Photo : Réseau piétonnier Harderwijk

Laisser une lumière allumée

Outre les données et les connaissances locales, un soutien administratif et un ancrage dans l'organisation sont nécessaires. D. Van Sluijs : « La carte en elle-même ne vaut pas grand-chose, il faut un réseau piétonnier bien établi ». A. Molster : « Faites de la carte, de préférence avec les exigences de qualité, une couche cartographique dans le système SIG. Lorsque quelqu'un démarre un projet, une lumière s'allume immédiatement : il y a un itinéraire pédestre principal qui traverse la zone du projet, je dois en faire quelque chose. Les points du réseau de base qui ne répondent pas aux exigences de base, telles qu'un passage de deux mètres, sont alors immédiatement inclus. »

 

La carte, une base indispensable

La cartographie du réseau piétonnier est indispensable à une bonne politique piétonne. A. Molster : « Si vous souhaitez donner la priorité aux piétons, par exemple dans le cadre de l'attribution d'espaces publics ou de demandes budgétaires, vous pouvez utiliser la carte pour étayer votre choix : il s'agit à la fois d'une piste cyclable très fréquentée et d'une voie piétonne principale, il faut donc vraiment agir à cet endroit. Ou encore : voici ce qu'il en coûterait si nous entretenions les principales voies piétonnes à un niveau A. Si vous partez dans tous les sens, on ne vous prendra plus au sérieux. En outre, comment évaluer la qualité de vos itinéraires pédestres sans carte du réseau ? Comment savoir où des améliorations sont nécessaires si vous ne savez même pas où se trouvent les goulets d'étranglement ? Sans carte du réseau, il est impossible d'analyser et d'identifier les goulets d'étranglement, d'estimer les coûts, de fixer des priorités ou de conseiller le collège. D. Van Sluijs : « Cette carte permet de faire du problème en question une priorité ».

 

« Sortez et voyez sur quoi vous tombez, parfois littéralement »


Descendez dans la rue

« Lancez-vous, conclut A. Molster, ce n'est pas si compliqué ». Le manuel des réseaux piétonniers (Handreiking Voetgangersnetwerken) est un outil précieux. Il contient tous les éléments du guide de conception Ontwerpwijzer Voetgangers proposé par la plateforme CROW, ainsi que toute une panoplie d'outils. « Avant tout, parcourez vous-même différents itinéraires au-delà des limites de votre propre quartier. Voyez sur quoi vous tombez, parfois littéralement. Par exemple, les mauvaises connexions entre les quartiers ou les feux de circulation qui restent au rouge trop longtemps. Mettez-vous également à la place du piéton à mobilité réduite. D. Van Sluijs : « Lorsque nous avons étudié le quartier, nous étions accompagnés d’une personne en fauteuil roulant. ‘Ces pavés sont la raison pour laquelle j'ai pris des analgésiques supplémentaires ce matin’, nous a-t-il expliqué. C'est pour ça que nous faisons tout cela. »


Réseau piétonnier du quartier Paddepoel à Groningue (en projet)
Réseau piétonnier du quartier Paddepoel à Groningue (en projet)

Paddepoel est un quartier de Groningue favorable à la marche

« Beaucoup de choses changent dans le quartier Paddepoel. Le centre commercial est en rénovation, et une restriction de la circulation automobile est prévue du côté nord. C'est une excellente occasion de rendre l'espace public plus convivial pour les piétons. Nous souhaitons également mieux relier les espaces verts du quartier par des sentiers. Nous n’avions encore jamais travaillé avec des réseaux piétonniers auparavant. Nous incluons les équipements destinés aux piétons dans nos projets, mais nous ne l’avions pas encore fait dans une perspective de réseau, comme c'est le cas pour les vélos. Une carte du réseau nous aide à donner aux piétons une plus grande priorité dans l'équilibre complexe des intérêts entre la voiture, le bus, le vélo et le piéton. Elle nous permet aussi de créer un programme d'investissement intelligent pour les piétons. Lorsqu'il existe des possibilités de liaison, cette carte offre immédiatement des opportunités d'amélioration des principaux itinéraires piétonniers. L'année dernière, Groningue a collaboré au Loopkaarten Kookboek, un recueil d’informations sur une série d’itinéraires de marche conçu par Track pour le compte du City Deal. Cet ouvrage a jeté des bases solides pour la création de réseaux piétonniers. Cette année, nous revoyons le quartier Paddepoel dans son intégralité et, d'ici novembre 2024, nous aurons une bonne vision du réseau piétonnier grâce à Goudappel, consultant en mobilité. Nous l'intégrerons dans le processus de conception des routes autour du centre commercial. »

 

Femke Niekerk, chargée de mission marche, vélo et sécurité routière, commune de Groningue

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