Cette année, le Rallîdje faisait peau neuve. Vous étiez 125 inscrits pour cette édition du rallye piéton qui vous emmenait découvrir le quartier de Droixhe et Coronmeuse. En voici quelques extraits :
©Michel Houet
Après le Rallye piéton 2023 à Saint Léonard, ce parcours pédestre est la suite logique de la (péri)urbanisation des quartiers nord de Liège, toujours en mutation. En premier lieu, nous vous promènerons à travers le développement de Coronmeuse dès la fin des années 30’, quartier industriel, mais aussi historiquement terre d’exposition et de grandes représentations. Ensuite, ce tracé vous baladera à travers l’histoire du quartier de Droixhe dès les années 60’ jusqu’à aujourd’hui. Tout au long de votre périple, l’histoire des quartiers sera confrontée aux nouveaux projets réalisés ou encore en développement.
La cité de Droixhe : Après la seconde guerre mondiale, la demande en logements sociaux est telle que la Maison Liégeoise décide la construction d’un complexe de 1800 logements sur le terrain de l’ancienne plaine de champs de manœuvres à Bressoux, qu’elle acquiert en 1953. Situé à 3 kilomètres du centre-ville, le quartier aura un accès facile à la ville en voiture et en transport en commun. Il sera intégré dans un voisinage préexistant tandis qu’il sera doté de ses propres équipements. La seule contrainte spatiale du concours lancé en 1950 est de conserver les 3 axes structurants de la plaine, à savoir le Boulevard de Lille, la rue Armand Rassenfosse et la rue Ernest Marneffe. C’est le groupe liégeois EGAU qui le remportera.
La première phase des travaux débute en 1954 et concerne les immeubles du secteur nord
qui comptent tous 12 étages. La deuxième phase des travaux est concentrée sur la construction des 5 immeubles de 21 étages du secteur dit ‘croix rouge’ à partir de 1965. Approche moderniste oblige, les bâtiments sont composés de panneaux préfabriqués de
béton armé.
En 1968, un complexe social vient doter le quartier d’une école primaire, d’une crèche, d’une bibliothèque, d’un commissariat et d’une salle des fêtes afin de conférer au quartier son indépendance en termes de services. Dans une idée fonctionnaliste, on souhaite faire de la cité de Droixhe un ensemble autonome. Trois espaces publics viennent compléter la réalisation : Le parc de Droixhe, la place de la Libération et le square Micha.
Source : Guide d’architecture moderne et contemporaine 1895-2014 (Cellule Archi, 2014)
Le remembrement : {…} Dans les années 90, l’architecture fonctionnaliste commence à montrer ses limites. L’économie recherchée à travers la standardisation et la rentabilisation
maximale laisse comme résultat, quelques années plus tard, des bâtiments dégradés, exigeants en termes d’entretien et de coût énergétique.
Fin des années 90, les logements du quartier sont saturés et 90% de la population est composée soit de retraités, soit de chômeurs. C’est à ce moment qu’émerge l’idée d’une opération de requalification du quartier de la plaine de Droixhe avec comme objectif principal, le retour à son attractivité d’antan.
Après divers appels et de diagnostics différents, c’est finalement en 2006 que le bureau Quadra & associés est désigné chef de projet dans le cadre d’un périmètre de remembrement urbain (PRU) de la plaine de Droixhe avec pour objectif premier d’améliorer le cadre de vie des habitants. Le bureau propose de démolir certains bâtiments en vue d’une reconstruction adaptée aux besoins du quartier.
Source : REQUALIFICATION DE LA CITÉ DE DROIXHE (Margaux Delhez, 2021), TFE, ULiège
Le parcours vous a permis de découvrir, entre autres, le site de Coronmeuse, la Galerie Nadja Vilenne établie à Liège depuis 1998, l’histoire du Parc Astride, le projet Square Micha en cours de développement par l’Atelier Chora ou le projet des nouvelles halles des foires : Liège Expo.
©Michel Houet
La Maison de l’Urbanité vous invitait, tout le long du parcours à (re-)découvrir le quartier de Droixhe dont la réputation de quartier-ghetto colle à la peau. Nous croyons que notre rôle en tant que maison d’urbanisme est aussi de rappeler à travers cette activité que si la population locale fut souvent désignée comme coupable idéal, c’est essentiellement la dégradation matérielle d’un rêve moderniste des années 60’ et la politique démissionnaire de gestion du quartier qui s’ensuivit qui sont ici en cause. À mi-chemin entre sa construction et son redéveloppement actuel, nous vous invitons vivement à découvrir l’infamous Droixhe à l’aube de l’an 2000, à travers le poignant documentaire ‘Un été à Droixhe’ (Richard Olivier, 1997). Il constitue, selon nous, un authentique témoignage de l’énergie et la richesse se dégageant d’une population multiculturelle subsistant malgré un quartier en ruine.
Merci à tous les participants et nos partenaires. Un merci particulier au Café le Parc de nous avoir accueilli. Si vous n’avez pas eu l’occasion d’y participer, notre carnet de route est disponible en version pdf. Contactez-nous !
©Michel Houet
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