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Cahier de l'Espace Public n°52

Données et numérisation

Edito

Laurent Bruck, administrateur à

la Maison de l'Urbanité

Parmi les nombreuses évolutions qui caractérisent l’humanité, un fait notable est l’inflation exponentielle des données produites. L’analyse territoriale, l’urbanisme et l’architecture n’échappent pas à ce constat. Au moment de concevoir le plan d’aménagement d’un espace public, les auteurs ont à leur disposition un nombre croissant de données numériques. À titre d’exemple, le portail interne utilisé par les employés du Département de l’Urbanisme de la Ville de Liège contient à ce jour plus de 250 couches d’information différentes. La connaissance du territoire est ainsi toujours plus fine et précise. L’intégration des informations acquises par différents systèmes et différents acteurs permet de prendre en compte de nombreux paramètres pour éclairer le plus complètement possible les travaux de conception (architectes, urbanistes), d’analyse (agents de l’administration) et de décision (autorités). ​ Des thématiques sensibles peuvent ainsi être rappelées à l’attention : présence d’un aléa d’inondation par ruissellement, bâtiment non classé mais d’intérêt patrimonial, présence avérée d’une nuisance publique à solutionner, localisation au sein d’un pôle commerçant à soutenir… ​ Pour les espaces publics également, la combinaison de données numériques peut enrichir le processus de conception, les rendant plus efficaces dans l’organisation des flux de mobilité, la lutte contre le phénomène d’îlot de chaleur ou encore la réponse aux besoins spécifiques de diverses catégories d’utilisateurs. Comme les besoins de l’homme apparaissent insatiables et la curiosité des scientifiques sans limite, nul doute que de nouveaux domaines encore peu explorés par les données numériques vont s’ajouter à l’éventail des thématiques déjà disponibles au cours des prochaines années. Peut-être la conception des projets en sera-t-elle dès lors encore plus judicieuse et les réponses apportées plus pertinentes ? ​ Un équilibre sera toutefois à trouver dans la gestion de ces informations car une avalanche de données numériques pourrait aussi, in fine, s’avérer trop complexe à manipuler. Dans cette perspective, dans une logique de « simplification administrative », une piste pourrait être de faire un bilan régulier de l’utilité des informations utilisées, afin de cibler les analyses sur les seuls paramètres pertinents en fonction du projet considéré. Car, comme abordé dans certains articles, une « ville intelligente » qui deviendrait autonome pour prendre les décisions la concernant, sans intervention humaine, n’apparaît pas comme un futur souhaitable. Il faut donc donner aux humains acteurs de la fabrique et de la gestion de la ville la possibilité d’employer leur ressource-temps de manière efficiente. ​ La production de données ne doit pas être une fin en soi mais un outil permettant de concevoir un projet, de poser une analyse à partir des enjeux collectifs ou encore, de communiquer une réponse vers les citoyens.

Dossier : Données et numérisation

A l’ère de la numérisation croissante, nous explorons l’impact des données sur nos espaces publics. Des villes intelligentes à la participation numérique, ce thème explore la manière dont la technologie façonne notre environnement et les défis et opportunités
qui en découlent.

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