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Bordeaux Grandeur Nature, une stratégie de piétonnisation ambitieuse

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux


Avec un Pacte Vert Européen lourdement contesté et de nombreuses législations environnementales menacées, le contexte politique est inquiétant au regard de l’urgence climatique. Sous couvert de dérégulation, l’Union Européenne recule. Or, l’écologie plus tard, c’est l’écologie trop tard : les investissements climatiques que nous ne faisons pas aujourd’hui nous couteront plus cher demain. Aussi nous devons agir sans attendre et c’est ce que nous faisons à Bordeaux depuis 2020.


Face à l’urgence climatique et dans le cadre du Plan climat métropolitain, Bordeaux s’est fixé l’objectif de diviser par six son empreinte carbone d’ici 2050. Parce que les transports sont responsables d'un quart des émissions de gaz à effet de serre dans la métropole bordelaise et de deux tiers des polluants atmosphériques, la Ville de Bordeaux a lancé en septembre 2021, dans le cadre de son programme Bordeaux Grandeur Nature, un plan d'actions de déploiement des mobilités douces et actives.


Avec 40 millions d’euros investis chaque année depuis 2021 dans les espaces publics hors opérations d'aménagement, la Ville s’est dotée de moyens conséquents pour transformer l’espace public afin qu’il soit mieux partagé, plus respirable, plus sécurisé, plus végétal et plus convivial.  


Espace partagé pour la circulation piétonne et cycliste
Espace partagé pour la circulation piétonne et cycliste

Ce plan d’actions volontariste s’appuie notamment sur une stratégie de piétonnisation visant à apaiser les quartiers, faciliter la marche, redonner à la rue tout son sens de lieu de rencontre et d’animation et rééquilibrer plus équitablement l’espace public. Aujourd’hui, à Bordeaux, plus de la moitié de la voirie est encore occupée par l’automobile, alors qu’elle ne représente que 27% des déplacements. A titre de comparaison, 39% des déplacements se font à pied, 14% à vélo et 16% en transports en commun. Nous tâchons donc, projet après projet, de rééquilibrer le partage de la rue en favorisant les alternatives aux mobilités carbonées, tout en apportant de l’ombre, en végétalisant massivement les espaces publics afin qu’ils soient accueillants et adaptés toute l’année pour toutes et tous.


C’est le sens de notre écologie à la bordelaise : une écologie pragmatique, inventive et humaniste.


Lorsque nous mettons en place le dispositif la « Rue Aux Enfants », dispositif qui interdit partiellement ou définitivement la circulation des véhicules motorisés devant les écoles, nous offrons aux enfants et à leur famille un accès moins pollué mais aussi un accès plus sûr, plus convivial, plus propice au jeu et aux rencontres.


Nous favorisons le développement de la pratique de la marche et du vélo dès le plus jeune âge. En complément nous apprenons à tous les enfants de CM2 à faire du vélo pour qu’ils se familiarisent avec ce mode de déplacement et développent un comportement civique dans la rue.


Lorsque nous étendons le secteur piéton, dans le centre-ville mais aussi, aux Chartrons et à Saint-Michel, nous favorisons la marche, une mobilité active hautement recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Une activité saine, écologique et également économique, car comme le dit bien le célèbre chat de Gelluck, « marcher c’est meilleur, parce que c’est meilleur marché. »



De plus, en favorisant la marche, nous nous adaptons à la morphologie de la ville, composée essentiellement de rues étroites. A Bordeaux, pour rejoindre les secteurs piétons, le cœur historique, les pôles d’intérêt, les équipements publics de proximité, les distances dépassent rarement la demi-heure de marche.


Lorsque nous augmentons les places de parking dédiées aux motos autour du secteur piéton, passant de moins de 140 à plus de 700, nous permettons au plus grand nombre, notamment à ceux qui viennent de l’extérieur de la ville, de se déplacer à pied de manière plus sécurisée dans le centre-ville.


Lorsque nous créons 15 000 emplacements vélos sur la chaussée, nous favorisons et sécurisons les mobilités douces sur la chaussée afin de réserver les trottoirs aux piétons.


Lorsque nous aménageons la chaussée pour réserver les trottoirs aux piétons et lorsque nous les désencombrons en retirant le mobilier gênant et en verbalisant les poubelles non rentrées, nous optimisons au mieux des espaces communs qui ont vocation à être partagés et qui doivent être adaptés aux personnes à mobilité réduite.


Lorsque nous choisissons de piétonniser une rue dans chaque quartier tous les premiers dimanches du mois pour proposer une animation culturelle, nous offrons aux habitantes et aux habitants la possibilité d’habiter leur quartier, de se rencontrer et de tisser des liens.



Résultat, en cinq ans, l’évolution est notable. La pollution de l’air a diminué de 35 % entre 2019 et 2024 ( source ATMO ), le dispositif de la rue aux enfants désormais étendu à deux tiers des groupes scolaires bordelais, soit 66 écoles, et Bordeaux est désormais dotée du plus grand secteur piéton de France, avec à ce jour 253 hectares et 43 km de rues.


De plus, sur le modèle du permis de végétaliser que nous avions mis en place en 2021 pour permettre aux riverains d’installer des bacs végétalisés sur l’espace public, en plus de planter de petites fosses devant leur maison, nous avons lancé le permis de piétonniser qui permet aux habitants de demander une fermeture temporaire de leur rue pour organiser un événement collectif.


Cette stratégie porte ses fruits et contribue à un véritable changement de paradigme.



Car en sortant de l’hégémonie du tout voiture, nous refermons, comme le dit Sylvain Grizot une finalement « courte parenthèse de la ville façonnée par la voiture » et nous répondons ainsi à un impératif environnemental et à un besoin de sécurisation. Ce faisant, nous retrouvons aussi la vocation sociale de la rue. Plus petit dénominateur commun de la Ville, elle est un espace public à part entière, un bien commun facteur d’échanges et de rencontres.


A l’heure où la tentation du repli sur soi gagne du terrain à l’échelle mondiale, il est essentiel de faire du lien et du vivant la boussole des politiques territoriales qui sont celles du quotidien.

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