Ecologie et indicateur biodiversité au service d'un urbanisme et d'un aménagement durable des territoires
- Auteur externe
- 9 juil.
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Jonathan Marescaux, E-BIOM
La prise de conscience des enjeux écologiques et liés à la biodiversité est globale, mais beaucoup d’acteurs manquent d’outils et d’indicateurs pour guider leurs actions. Face à ce constat, E-BIOM pilote des projets qui intègrent la biodiversité comme levier de durabilité, en alliant rigueur scientifique et expertise écologique, pour des solutions concrètes et adaptées à une transformation durable des territoires.
Penser globalement, agir localement
L'intégration des enjeux écologiques dans les projets d’urbanisme et d’aménagement du territoire s’impose aujourd’hui comme une exigence incontournable. L’approche écologique doit être pleinement intégrée aux démarches pluridisciplinaires menées par les urbanistes, architectes, paysagistes et autres acteurs du développement territorial.
Longtemps perçue comme un simple agrément, la Nature est désormais reconnue pour ses multiples apports : régulation thermique, filtration de l’air, gestion des eaux pluviales, amélioration du cadre de vie, etc. Dans un contexte de forte urbanisation, de changement climatique et d’érosion accélérée du vivant, il devient crucial d’adopter une vision territoriale cohérente, pragmatique et systémique.
Véritables leviers d’adaptation et de résilience, les enjeux écologiques doivent être pris en compte à toutes les échelles de projet : construction et rénovation du bâti, développement d’espaces verts s’intégrant au sein des trames écologiques, transformation du territoire, etc. Reste à franchir un cap : comment inscrire durablement et objectivement les enjeux écologiques et de biodiversité au cœur des projets urbains ?
Structurer sa démarche à partir de données concrètes et objectivées
Parmi les missions menées par E-BIOM, le Cadastre de la Biodiversité constitue un outil stratégique incontournable pour identifier et hiérarchiser les sites selon leur intérêt écologique. Il s’agit d’une analyse multicritère du contexte environnemental de plusieurs sites, visant à prioriser ceux qui présentent un intérêt biologique avéré ou potentiel, et qui peuvent contribuer aux continuités écologiques du territoire concerné.
Ce travail s’appuie sur les cadres réglementaires en vigueur aux échelles européenne, nationale et régionale, tout en mobilisant l’ensemble des données disponibles sur la biodiversité. Il permet ainsi d’orienter efficacement les premières actions vers les sites les plus pertinents. À l’issue de cette analyse, les sites sont classés selon leur contexte écologique et leur potentiel d’intervention.
Sur les sites identifiés comme prioritaires, un Bilan de la Biodiversité peut ensuite être réalisé. Cette étape permet d’affiner les aménagements à envisager en tenant compte des spécificités du projet, de ses contraintes techniques et de son cadre budgétaire. Des visites de terrain sont alors menées afin d’inventorier les espèces présentes, de relever les pressions exercées sur les milieux naturels, et d’échanger avec les porteurs de projet. Les données ainsi recueillies permettent d’évaluer le potentiel écologique de chaque site à l’aide d’une méthodologie scientifique, basée sur l’analyse de paramètres précis. Des recommandations ciblées sont ensuite formulées pour développer ce potentiel et favoriser le renforcement de la biodiversité.
L’ambition est claire : inverser la logique habituelle. Il ne s’agit plus seulement d’évaluer l’impact d’un projet sur la biodiversité, mais bien de faire du projet un levier pour générer un gain net en biodiversité.
Le Cadastre et le Bilan de la Biodiversité offrent une base solide pour structurer, planifier et piloter des investissements fonciers et mettre en place une stratégie biodiversité cohérente dans l’espace et dans le temps.
De nouvelles destinations
Au-delà des diagnostics à l’échelle de la parcelle, l’approche écologique prend toute sa mesure dans les projets de transformation territoriale. L’enjeu est alors d’anticiper les impacts environnementaux — inondations, îlots de chaleur, érosion de la biodiversité — pour concevoir des aménagements respectueux du vivant, qu’il soit humain ou non humain.
C’est dans cet esprit qu’E-BIOM intervient au sein du projet de réaménagement de la rive gauche de la Vesdre, aux côtés de Michel Desvigne Paysagiste (mandataire), Une Fabrique de la Ville, Canevas et le bureau Greisch. Ce projet d’envergure associe études stratégiques et suivi écologique des travaux, dans une optique de résilience urbaine et de reconquête écologique.
Située à la confluence de la Meuse, de l’Ourthe et de la Vesdre, la ville de Liège s’est construite au fil de l’eau. En périphérie, la vallée est marquée par une succession de friches industrielles et de vastes emprises foncières aujourd’hui en déshérence — autant de leviers pour une reconfiguration profonde du territoire. Les inondations de juillet 2021, qui ont durement frappé le quartier de Chênée avec des hauteurs d’eau dépassant parfois les 2,5 mètres, ont rappelé l’urgence d’adapter la ville aux nouvelles réalités climatiques.
"Le réaménagement de l’ancien site d’activités économiques « LBP » en un parc fluvial de grande ampleur incarne cette ambition"
Face à ce constat, le projet vise à redonner de la place à l’eau et à renaturer les berges de la Vesdre en créant de grands vides stratégiques. Le réaménagement de l’ancien site d’activités économiques « LBP » en un parc fluvial de grande ampleur incarne cette ambition : reconnecter les continuités écologiques, désimperméabiliser les sols, et offrir aux habitants un espace public durable, résilient et connecté, capable de répondre à la fois aux besoins de nature en ville et à une gestion plus intelligente des eaux.
Mesurer pour transformer durablement
L’adoption d’une vision de biodiversité positive et l’émergence de nouveaux paradigmes nécessitent une transparence totale dans la mise en œuvre des actions. C’est pourquoi E-BIOM prône l’intégration d’indicateurs précis et fiables, alliant rigueur scientifique et applicabilité opérationnelle. Ces indicateurs permettent non seulement d’objectiver la démarche écologique, mais aussi de rendre les progrès mesurables, suivis et pilotés sur le long terme.
Les indicateurs ne se contentent pas de fournir des données ; ils offrent une base concrète pour évaluer les résultats, ajuster les stratégies si nécessaire, et garantir ainsi la pertinence et l’efficacité des actions engagées. Ils facilitent également la communication avec les parties prenantes, en traduisant des ambitions souvent abstraites en résultats tangibles et compréhensibles. En ce sens, ils renforcent la crédibilité et la légitimité des projets écologiques.
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