Espaces ouverts dans et autour de Bruxelles
- Auteur externe
- 9 juil.
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Frédéric Rasier, Département Environnement – Coordinateur territorial pour la Périphérie flamande, CEP 54
Bruxelles et sa périphérie flamande évoluent rapidement sous l’effet de l’artificialisation, des constructions et des infrastructures croissantes. Cela entraîne une disparition progressive des espaces ouverts, au détriment de la biodiversité, des écosystèmes naturels et de la qualité des sols. Afin de préserver la qualité de cet environnement urbain densément peuplé, le développement des services écosystémiques dans un réseau d’espaces ouverts plus cohérent et plus robuste est mis en avant.

COOPÉRATION
L’étalement urbain non maîtrisé autour des villes est, à l’échelle mondiale, l’une des causes majeures de la dégradation de notre environnement de vie. Les initiatives locales peuvent protéger ces espaces ouverts, mais elles manquent souvent d’expertise ou de soutien, ou encore d’une coopération à plus grande échelle pour avoir un impact réel. Les enjeux liés aux espaces ouverts dans ce type de contexte périurbain nécessitent une approche dépassant le cadre d’un seul quartier, d’une commune ou d’une ville. Dans ce cas précis, une approche interrégionale est également indispensable.
Le Programme de Développement Territorial (T.OP Rand) est un outil du Département Environnement qui réunit différents acteurs pour aborder de manière intégrée des défis concrets comme celui des espaces ouverts dans la région. Dans ce cadre, une collaboration a été mise en place avec la Société flamande du territoire (VLM), l’Agence pour la Nature et les Forêts, l’Agence flamande des déchets, Bruxelles Environnement et Perspective.brussels pour établir un réseau d’espaces ouverts servant de socle aux initiatives (supra)locales.
CARTE DES OPPORTUNITÉS

Les nombreux plans, visions et projets des aménageurs d’espaces ouverts dans cette région témoignent d’une ambition certaine qu’il convient de valoriser. C’est pourquoi toutes les représentations graphiques des initiatives connues ont été rassemblées. Ce patchwork a été retravaillé à l’aide d’une légende commune pour aboutir à une carte synthétique. Celle-ci révèle une certaine cohérence et répartition, avec des zones bénéficiant de plus ou moins d’attention, mais aussi des maillons manquants, souvent situés aux frontières administratives où les projets se heurtent à des limites institutionnelles.
Dans le but de dépasser les projets individuels, l’objectif a été de développer un réseau à l’échelle régionale, sur une zone d’environ 25 x 25 km. Pour ce faire, les services écosystémiques ont été mobilisés. Ils permettent de mieux comprendre la valeur des espaces ouverts et d’adopter une approche intégrée des différents services rendus par la nature : rafraîchissement, régulation de l’érosion, loisirs, alimentation, air pur, etc.
Une part importante de ces services a été cartographiée afin de visualiser les opportunités et les obstacles pour renforcer les espaces ouverts à l’échelle régionale. Plusieurs réseaux ont été représentés sur autant de couches cartographiques : système hydrologique, écologique, agricole, réseaux d’infrastructures, tissu urbain, système récréatif, composantes liées à la qualité de vie (stress thermique, bruit…), et sol.
Les connaissances issues de l’analyse des services écosystémiques et des ambitions locales et supralocales ont été superposées dans une Carte des Opportunités. On y identifie de petits et grands espaces ouverts connectés, comme la Forêt de Soignes et des parcs, mais aussi de nombreuses « corridors », où les opportunités se concentrent en bandes étroites, souvent dans les vallées comme celle de la Woluwe ou le long d’infrastructures majeures typiques de la région.
RÉSEAU D’ESPACES OUVERTS
Mais une carte des opportunités ne constitue pas encore un réseau. Pour le concrétiser, plusieurs actions stratégiques ont été définies, servant de fil conducteur aux initiatives locales. Il s’agit par exemple de :
Renforcer les réseaux bleus (liés à l’eau)
Améliorer la biodiversité et la capacité de rafraîchissement des espaces publics
Aménager de manière écologique les espaces extérieurs publics et privés (y compris ceux des entreprises)
Développer de nouvelles formes de production alimentaire
Désimperméabiliser et verdir les rues et les places
Intégrer les infrastructures dans le paysage
Une analyse détaillée de chaque sous-région a permis de dresser un aperçu des actions stratégiques et d’imaginer le réseau d’espaces ouverts si toutes ces actions étaient mises en œuvre. Ce réseau visible n’est pas figé, mais constitue une base de travail commune pour renforcer les espaces ouverts. Il s’agit d’un cadre dans lequel les projets locaux peuvent faire la différence et consolider l’ensemble.
Il est également intéressant de constater que plusieurs sous-régions présentent des actions stratégiques similaires, regroupées en six structures paysagères formant la synthèse du réseau :
Les vallées de l’ouest
Le canal et la vallée de la Senne
Les « chambres paysagères »
La Forêt de Soignes
Les vallées-parcs
Les axes d’infrastructure
CONTOURS
La participation des parties prenantes locales a été une priorité dans cette étude. En plus du contenu, les contours du réseau d’espaces ouverts ont été soigneusement réfléchis.
Tracer des lignes sur une carte est toujours délicat. Plus les personnes impliquées sont nombreuses, plus le processus est sensible. Il y a toujours une bonne raison pour qu’une zone soit (ou non) incluse. Trois types de contours ont été élaborés :
a. le noyau
b. les sites environnants
c. les zones d’influence paysagère
Ils permettent de parler du cœur du réseau mais aussi ,des opportunités de tissage avec le bâti environnant et de connexions avec les paysages alentours.
Le noyau est souvent bien défini et associé à des corridors dans les vallées, corridors pas toujours classés comme espaces ouverts. On peut y agir sur la qualité et la continuité du réseau, par exemple en supprimant des éléments perturbateurs ou en créant des détours pour établir des connexions pour l’homme et la nature. Autour se trouvent de nombreux sites permettant des équipements comme des écoles, logements publics, infrastructures sportives, cimetières, zones inondables… souvent en propriété publique ou collective. Ces sites offrent des opportunités de liaison entre espaces ouverts et bâtis, pour désenclaver et relier les lieux de vie au réseau.

Ce réseau s’étend dans des zones d’influence paysagère s’éloignant parfois largement du périmètre d’étude. Cela inclut :
les zones agricoles avoisinantes comme le Pajottenland
les parcs forestiers résidentiels autour de la Forêt de Soignes
les zones inondables qui offrent des opportunités pour l’eau et les milieux humides
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL
À la clôture de l’étude dans le nord de la périphérie, un centre de services a été mis en place pour soutenir les projets des partenaires des espaces ouverts. Il visait à faire le lien entre vision stratégique et mise en œuvre concrète de projets visant une meilleure résilience climatique. Ce service a cependant rapidement atteint ses limites. Aujourd’hui, des pistes sont explorées pour mieux soutenir les initiatives locales.
L’objectif principal est d’opérationnaliser la vision à travers les projets et outils des différents partenaires (plans d’aménagement, projets de territoire, projets locaux, etc.). Cela se fait en collaboration avec les autorités locales, les paysages régionaux, la province du Brabant flamand, les coordinateurs de projets stratégiques, les partenaires flamands mais aussi, les usagers, investisseurs et propriétaires des espaces ouverts.

Informations complémentaires
Site web : vlaanderen.be/openplus
Étude : Buur (Part of Sweco), Antea Group & Hesselteer, Réseau d’espaces ouverts dans et autour de Bruxelles, mars 2025, commandée par le Département Environnement, la VLM, l’Agence Nature & Forêts, Bruxelles Environnement et Perspective.brussels.
Article : Haevermans Jan, 2025, Tisser aux marges effilochées de la ville, RandKrant, mai 2025, p. 4-5. www.randkrant.be/artikel/weven-aan-de-rafelranden-van-de-stad

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