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ÉDITO, UN DOUBLE TOURNANT

Danielle Coune, IR. Architecte, Présidente de la Maison de l'Urbanité


Ce numéro marque un double tournant.


D’abord parce que le thème abordé est devenu central dans le champ de l’aménagement urbain : la place de la nature en ville. Ensuite parce qu’il inaugure une nouvelle version de notre revue, avec un nouveau look, une maquette repensée, une identité graphique modernisée — en cohérence avec les transformations profondes du monde urbain que nous avons vocation à observer, interroger, accompagner.


Longtemps perçue comme son opposée, la nature revient aujourd’hui au cœur de la ville. Entre béton et bitume, elle s’impose doucement mais sûrement, dans les interstices des trottoirs, sur les toits, le long des murs, dans les parcs réinventés. Ce retour n’a rien d’un simple ornement : il est vital, urgent, structurant.


La ville contemporaine, longtemps pensée comme une enclave artificielle séparée du monde vivant, entre aujourd’hui dans une nouvelle phase de transformation.


Face aux défis climatiques, à la perte de biodiversité, à l’augmentation des risques sanitaires , aux inégalités territoriales et au besoin croissant de bien-être en milieu urbain, la nature en ville n’est plus un luxe mais une nécessité. Elle apaise les températures, favorise la résilience des écosystèmes et améliore la qualité de vie des citadins.


La végétalisation des espaces publics, trames vertes et bleues, sols vivants, toitures plantées, cours d’eau restaurés, agriculture urbaine : ces dispositifs, loin de relever de l’embellissement ou du confort marginal, participent à la régulation thermique, à la gestion des eaux pluviales, à la séquestration du carbone, à la résilience des territoires et à la santé.


Mieux encore, elle invite à repenser notre manière d’habiter, de circuler, de vivre ensemble.


Mais faire entrer la nature en ville, c’est bien plus qu’ajouter du vert dans le gris. C’est un changement de paradigme : accepter que la ville ne soit pas toute-puissante, laisser place au vivant, faire cohabiter l’urbain et le sauvage.


Cette transition vers une urbanité écosystémique suppose une remise en question de nombreux héritages de l’urbanisme fonctionnaliste. Elle implique de repenser les cadres réglementaires, les outils de planification, les modèles économiques, les indicateurs de performance. Elle appelle à une gouvernance multi-niveaux intégrant la participation citoyenne, l’interdisciplinarité et la co-construction des savoirs.


Cela suppose d’écouter les habitants, de transformer les politiques publiques, de réinventer les métiers de l’aménagement.


À travers les espaces ouverts de la région bruxelloise, décrits par Frédéric Rasier, jusqu’aux projets de résilience climatique analysés par Kristien Gevers, il s’agit de comprendre comment le vivant peut devenir une infrastructure urbaine à part entière.


Le dossier met en lumière des démarches variées : l’écopâturage urbain comme outil de gestion durable des espaces paysagers, l’aménagement des zones de liaison autour du canal de Gand, le Plan Canopée de la ville de Liège qui vise à renforcer la présence de l’arbre en ville, ou encore les parcs urbains pensés comme leviers de bien-être pour les personnes âgées.


Certaines contributions abordent les dimensions conceptuelles et politiques : Sylvain Boisson propose de « réconcilier la ville avec le vivant », tandis que Jonathan Marescaux explore l’usage d’indicateurs de biodiversité dans l’urbanisme. D’autres encore nous plongent dans les outils d’aide à la décision, avec les scans d’adaptation au climat présentés par Johan Brouwers et Kris Cauwenberghs.


Enfin, parce que nous croyons que l’espace public est aussi un espace d’apprentissage, nous donnons la parole à la jeune génération avec la contribution de Manon Ruelle sur l’espace public comme espace d’apprendre.


Et pour ouvrir ce dialogue, Paul Vermeyen se prête au jeu des « 7 questions », offrant un regard lucide et stimulant sur les enjeux urbains du moment.


Ce numéro illustre ainsi la richesse des approches possibles, et montre que la nature en ville n’est pas une tendance passagère, mais un véritable projet d’avenir pour l’urbanisme.

Un projet complexe, exigeant, mais porteur d’un autre rapport au territoire, au temps, et aux usages. La nature en ville n’est plus une alternative périphérique au développement urbain : elle en devient l’un des fondements, elle participe au métabolisme urbain.


La nature en ville n’est pas une utopie. C’est un projet collectif, une ambition concrète, une promesse d’avenir.



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