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Gembloux - Renaissance de la place de Bossière


Extrait du dossier consacrée aux villages ruraux du CEP39, écrit par Jean-Michel Degraeve, architecte, collaborant depuis de longues années avec la Maison de l'Urbanité. Malgré l’accroissement de la population, les places centrales de nombreux villages perdent leurs attraits. La disparition des commerces et services ainsi que la forte présence automobile réduisent la vie sociale. Le réaménagement de la place de Bossière à Gembloux constitue une réponse exemplaire de revitalisation d’une place de village afin de recréer une dynamique sociale.




Une nécessaire redynamisation


Bossière est l’un des onze villages ayant rejoint la ville de Gembloux à la fusion des communes. Déjà occupé à l’époque romaine, le village compte l’une des plus anciennes églises du namurois. Au pied de la tour romane classée, la place du village constitue le débouché de nombreuses venelles et voiries sur l’axe de circulation traversant le village. Mais la place a perdu son attractivité avec la disparition des commerces de détails, des cafés et de l’école ainsi qu’avec l’augmentation de la circulation automobile. De plus, son revêtement minéralisé et le manque d’équipements qualitatifs diminuent l’attraction du centre de la vie locale. Dans le cadre du programme communal de développement rural, un projet de rénovation est élaboré en 2010 par les autorités locales en concertation avec les habitants.



Avant le réaménagement... © Equilatéral.



… et après ! ©JM.Degraeve.


Une place limitée à la voiture


L’objectif premier est d’apaiser la circulation automobile. Au-delà d’une mise en zone trente, la place est transformée en espace partagé. Un plateau légèrement surélevé de 3.000 m2 est aménagé de façon homogène de façade à façade, en ce compris les parties privatives devant les maisons afin d’assurer une continuité des aménagements. Après les interventions sur les impétrants et la mise en souterrain du réseau électrique, la place est recouverte d’une trame de bandes de pavés en béton rouge orangé. Les cases du damier sont remplies de pavés en porphyre récupérés posés en queue de paon. Aucune bordure ne marque la zone de circulation automobile afin d’imposer aux automobilistes le respect des autres utilisateurs de la place. Seuls quelques yeux de chat ou clous de démarcation retroréfléchissants, certains équipés de cellules solaires, guident la nuit les automobilistes. La réorganisation du parcage des véhicules offre une quinzaine d’emplacements derrière des tilleuls palissés.



Un damier unificateur © Equilatéral.


Des équipements de convivialité


Outre le ralentissement du trafic automobile, plusieurs équipements contribuent à recréer la vie sociale. Les éléments classiques de mobilier urbain - bancs, poubelles publiques, mâts d’éclairage, potelets de protection des piétons - sont métalliques. Un nouvel abribus ferme l’angle de la place. Composé de métal et de verre, il est protégé par un mur en pierre. Les bulles à verres sont enterrées. La place est ponctuée de touches végétales: arbres palissés et à hautes tiges, pelouse le long du mur du cimetière, abreuvoirs reconvertis en bacs à fleurs. Au pied du mur du cimetière, une stèle en marbre noir de la carrière voisine de Mazy reconstitue le monument aux morts. Mais l’équipement le plus emblématique est la réimplantation de l’ancienne pompe à bras d’alimentation publique en eau. S’inscrivant dans la mémoire du lieu, elle reconstitue l’ancien point de rassemblement et d’échanges entre les habitants autour du point d’eau. Le nouvel aménagement ne débite plus l’eau de la source mais est organisé sur le principe d’une fontaine en circuit fermé. Le mouvement du bras de la pompe actionne un moteur électrique qui remplit depuis une citerne enterrée un abreuvoir récupéré. Son trop-plein s’écoule sur un cercle pavé jusqu’à l’avaloir de récupération de l’eau dans la citerne.



Un abribus hors normes ©JM.Degraeve.



Un repos ombragé à proximité de l’ancienne pompe ©JM.Degraeve.


Une appropriation citoyenne


Conçus par l’association des bureaux Concept et Equilatéral, les travaux sont achevés à la fin 2017. Comme pour tous les aménagements d’espace public d’un programme communal de développement rural, les citoyens sont au cœur du projet via une commission locale, ici renforcée par l’intervention de l’association locale « Mémoire de Bossière ». Cette participation citoyenne s’est faite dès la conception du projet et s’est poursuivie durant le chantier, les habitants fournissant l’ancienne pompe à bras et des abreuvoirs. Aujourd’hui, la réduction de la vitesse automobile et les équipements réalisés permettent une appropriation du lieu de centralité du village. La place est animée quotidiennement par les jeux des enfants autour de la pompe, les bavardages sur les bancs et autour de la boîte à livres de l’abribus ou lors de festivités ponctuelles. Cette participation citoyenne se poursuit par l’implantation d’anciens souvenirs villageois sur les espaces disponibles des aménagements dans le cadre d'un futur musée de la vie rurale. Comme le dit un habitant: « la place a changé nos habitudes et retissé un tissu social ». Fort du succès de cette opération, la ville de Gembloux a entrepris la rénovation d’autres places centrales des villages de l’entité.



Une inauguration « en grande pompe » ! © Equilatéral.


Le retour des festivités villageoises © B.Schmidt.



Jean-Michel Degraeve



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