Le Zuidpark d’Anvers, le résultat d'une collaboration et de l'imagination
- Auteur externe
- 11 déc.
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Mathias Cornille, Mieke Nagels & Bart Van Gassen (Tractebel)
Le Zuidpark à Anvers, où l'espace public peut naître de l'interaction entre processus et projection. Où le processus de conception, le diagramme directeur et l'implication de nombreuses personnes se fondent en un nouveau paysage urbain. Une telle approche permet de prendre des décisions de conception fondées sur un cadre spatial qualitatif tout en laissant la porte ouverte à des changements futurs.

©Tractebel
Un processus continu comme moteur
Le processus de conception du Zuidpark a été caractérisé par une interaction constante entre la collaboration et la conception. Dès le début, les concepteurs, les ingénieurs, les donneurs d'ordre et les exécutants ont été activement réunis, et cette collaboration s'est poursuivie jusqu'à la mise en œuvre et même au-delà. Chaque phase offrait la possibilité d'apprendre, d'approfondir le projet et d'intégrer de nouvelles idées. La conception est ain- si devenue un processus continu d'observation, d'adaptation et de perfectionnement, une méthode de travail dans laquelle la collaboration n'est pas un sous-produit, mais le moteur même.
La première phase de construction, au niveau du Steendok entre la Van der Sweepstraat et la Verviersstraat, a par exemple été abordée comme un prototype, dont les variations et les améliorations ont été reprises dans les phases suivantes. Le processus de re- cherche n'a pas de fin. Il laisse de la place pour anticiper, améliorer et ajuster.
Découvrir et créer
Au cours des travaux, de gros blocs de pierre naturelle ont été découverts. Ceux-ci faisaient autrefois partie des murs de quai, des ponts et des écluses. Il était essentiel d'intégrer ces éléments de manière judicieuse au projet.
Les plus grands de ces vestiges – taillés il y a plus de 150 ans pour la construction du premier port d'Anvers – ont trouvé leur place dans le jardin du silence, l'endroit le plus intime du Zuidpark. Disposés en ligne et interrompus localement par quelques pierres isolées, ils forment un mur, un écran ou un dossier et contribuent ainsi à l'atmosphère et à la structure de cet espace clos.

©Isabelle Pateer
Des éléments plus petits en pierre bleue, provenant des murs des quais, ont été utilisés comme pas japonais dans les jardins de pluie. Tout comme dans l’architecture paysagère japonaise, où les «sute ishi » (pierres jetées) créent un lien (symbolique) entre un cours d’eau artificiel et l’espace environnant, ces pierres forment dans le Zuidpark un lien entre l’eau et l’environnement conçu, et invitent à l’exploration et au jeu.
Cette itération continue entre la conception et la réalisation s'est également traduite par des solutions techniques. Ainsi, les blocs de pierre bleue ont été intégrés dans la conception de l'entrée et de la sortie de l'eau dans les jardins de pluie. Dans un premier temps, les pierres ont été placées sur et autour des tuyaux des jardins de pluie. Dans un deuxième temps, ce concept a été optimisé : les blocs ont été dotés d'évidements cylindriques dans lesquels les tuyaux ont été insérés, de sorte que les éléments techniques s'intègrent avec élégance et presque naturellement dans la conception et l'expérience des jardins de pluie.
Un diagramme directeur comme cadre
Chaque projet est le résultat d'un processus qui se déroule comme un réseau d'acteurs, humains et non humains, qui ne cesse de croître et de se complexifier. C'est généralement à partir de cette multitude de forces qu'un projet est conçu. Cependant, cela risque de faire perdre de vue une vision cohérente du projet. Outre le processus, une projection est donc également nécessaire : une
idée directrice qui guide le processus.
Le diagramme définit les idées fondatrices de la conception

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Afin de concrétiser la structure que nous avons choisie, nous misons dès le départ sur un diagramme directeur. Ce diagramme définit les contours spatiaux d'un futur développement. Il donne une première structure et organisation au lieu, tout en laissant de la place pour de nouvelles idées, programmes et interventions. Il est à la fois concret et abstrait, précis et ouvert. Au cours du processus de conception, le diagramme directeur permet d'intégrer les contributions de différents acteurs tout en maintenant le fil. Même après la réalisation, il laisse place à l'interprétation et à l'évolution, afin qu'un projet puisse évoluer avec son contexte.
Dans le cas du Zuidpark, ce diagramme a été formé par l'empreinte des anciens quais : une figure urbaine rectangulaire, porteuse de mémoire et de potentiel. Cette géométrie est devenue la base sur laquelle une nouvelle couche urbaine a pu se développer – un cadre qui allie ouverture et orientation, grandeur et intimité.
L'empreinte des trois anciens quais constitue le cadre de trois espaces verts généreux : les tables. Chaque table a son propre caractère. La table centrale, avec sa prairie et son jardin aquatique, est vaste et accueillante ; les tables nord et sud sont plus intimes et ont plutôt un caractère de jardin. Ensemble, elles forment une séquence d'espaces qui alternent entre ouverture et fermeture, conférant au parc une spatialité rythmée.

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Le caractère ouvert des poches
Dans ce cadre rythmé de tables et d'espaces ouverts-fermés, des poches apparaissent : des zones intimes à taille humaine qui restent flexibles pour différents types d'utilisation. Elles sont en quelque sorte des chambres vertes, entourées de bordures d'arbustes, de plantes vivaces et d'arbres. Elles apportent de la variété et un sentiment de sécurité.
Chaque poche a sa propre atmosphère et sa propre fonction : aire de jeux, terrain de sport, jardin tranquille ou jardin communautaire. Elles constituent ainsi un élément important dans le processus de négociation entre le concepteur et les utilisateurs. Les matériaux – bois, brique, sable, végétation – créent une atmosphère chaleureuse. Ils rendent l'espace public reconnaissable et accessible, un lieu que les habitants peuvent s'approprier à leur rythme et à leur manière.
Chaque poche a sa propre atmosphère et sa propre fonction : aire de jeux, terrain de sport, jardin tranquille ou jardin communautaire.
Cependant, l'essence des poches ne réside pas dans leur conception, mais dans leur structure. Les petits escaliers en béton à côté des fontaines traditionnelles donnent un nouveau sens à l'élément : ils permettent aux plus petits d'accéder à la fontaine, font office d'élément de jeu et peuvent servir de petites tables ailleurs.
La logique de conception des poches offre ainsi un cadre qualitatif et robuste qui permet le changement. Aujourd'hui, certaines poches sont utilisées comme aires de jeux ; demain, elles pourront remplir une autre fonction, en fonction des besoins du quartier. Cela rend le Zuidpark durable non seulement dans sa structure écologique, mais aussi dans sa conception socio-spatiale. En ce sens, les poches offrent un cadre spatial à long terme : l'aménagement de ces espaces permet une utilisation immédiate et leur conception résiste à l’épreuve du temps.



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