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Seraing - Parkour park : une deuxième vie pour les déchets de construction

Extrait du dossier consacré à l'utilisation circulaire des matériaux dans le CEP44.

Nous nous focalisons ici sur l’économie circulaire. Elle représente une des réponses aux enjeux de disponibilité limitée en matières premières et de réutilisation de quantités de déchets qui ne fait qu’augmenter. Dans cet article Laure Gathon et Amélie Joveneau nous présentent le projet SeRaMCo. Initié en 2017, ce dernier s’est focalisé sur, entre autre, le recyclage de granulats recyclés pour la production de bétons préfabriqués et ciments. Il a donné naissance, entre autres, à un Parkour park à Seraing !


La Wallonie produit 4 millions de tonnes de granulats recyclés et seule une fraction de ce gisement est utilisée dans la construction de routes sur base du cahier des charges Au sein de l’Union européenne, seuls 2% des déchets de démolition sont réutilisés pour recréer les produits d’origine. Dans le but de contribuer à relever ce challenge, un partenariat réunissant des partenaires français, belges, néerlandais, luxembourgeois et allemands a obtenu un financement du FEDER et de la Région wallonne via le programme Interreg.


Le besoin de recherche et d’expérimentation sur l’utilisation des granulats recyclés découle de leurs caractéristiques particulières et englobe la définition de normes européennes et locales. En particulier, la présence de pâte de ciment adhérente dans les granulats recyclés leur confère une porosité plus importante que les granulats issus de ressources naturelles.


Cette porosité accrue impacte leur densité, leur absorption d’eau et leur résistance à l’abrasion. Ces spécificités impliquent des usages adaptés et offrent des opportunités d’innovation. Par ailleurs, le coût de fabrication est également un réel enjeu étant donné le faible prix des matières premières et les coûts importants engendrés par la valorisation des déchets de construction et leur transport.


Une association pour l’innovation


Les différents laboratoires engagés dans le projet, dont celui des matériaux de construction de l’Université de Liège, ont tout d’abord travaillé sur la caractérisation des granulats produits par Tradecowall dans le but d’optimiser le procédé de fabrication, par la mise sur pied d’un procédé de traitement par voie humide, afin de produire des granulats recyclés de qualité supérieure. Ces granulats vérifient toutes les impositions normatives en Belgique et en Europe. Ceux-ci ont ensuite été utilisé afin de créer des mixes adéquats pour la production d’élément en béton préfabriqué. La partie fine de ces agrégats recyclés, appelée fraction sableuse, est difficilement valorisable dans la réalisation de nouveaux béton et a été utilisée en substitution d’une partie du cru pour la production de ciment. Le partenariat impliquait également des entreprises telles que PREFER, Beton Bets ou encore, VICAT.


Trois projets pilotes ont été sélectionnés dès le départ afin d’offrir un panel d’usages à tester en conditions réelles : du mobilier urbain à Seraing, des murs de soutènement à Nancy et des éléments structurels pour un pavillon emblématique sur le site de l’Université de Kaiserslautern. La Ville de Seraing a saisi l’opportunité de ce projet pour avancer dans la concrétisation de son Master Park. Une étude préalable, réalisée par l’atelier CUP, avait identifié les besoins en équipement de plusieurs parcs.


La division des terres


Plusieurs projets de revalorisation et d’achat groupé de l’ex-domaine militaire dans son entièreté émergent, certains en concertation avec les associations locales. Suite à cela, un premier schéma directeur est approuvé par le Conseil communal de la Ville de Liège en 1994. L’ensemble des zones vertes et le parc des Oblats (à l’ouest du site) deviennent propriété de la Ville en 1998. Le fort, devenu zone d’intérêt historique, attend une nouvelle affectation que beaucoup espèrent être liée à des activités culturelles et de mémoire. Il est vendu avec le reste du site, aux sociétés Immo-chartreuse et Matexi pour 2,5M€ en 2003.


En 2004, le site du fort de la Chartreuse, qui était jusqu’ici une ZAD (zone d’aménagement différé – comprenez en attente d’affectation) devient prioritaire. Tandis que les esquisses se succèdent, l’appellation du site devient zone d’aménagement communal concerté (ZACC) et requiert ainsi un rapport urbanistique


(RUE). Celui-ci, finalisé en 2008, prévoit une première phase d’urbanisation le long de la rue du Thier (à l’extrémité nord de la parcelle) suivie d’une deuxième phase dite de « densification » à l’intérieur du périmètre classé.


©Arebs


Un nouveau Parkour Park pour Seraing


Le choix de réaliser un Parkour Park répondait aux besoins du projet en termes de visibilité, mais surtout de sollicitation des éléments produits afin de pouvoir étudier sur la durée des caractéristiques telles que la résistance au gel-dégel, la résistance à l’abrasion, …

Cette idée s’est largement inspirée de la dynamique scandinave en matière de sport et santé. La pratique du Parkour est née en France dans les années 90 et reprend en partie la philosophie et les mouvements utilisés dans la pratique de l’hébertisme. Très attractive auprès des jeunes, elle contribue à lutter contre la délinquance et permet d’améliorer la santé des pratiquants. Cette discipline sportive consiste à franchir successivement divers obstacles urbains ou naturels, par des mouvements agiles et rapides et sans l'aide de matériel, par exemple par de la course, des sauts, des gestes d’escalade, des déplacements en équilibre, etc. Elle entraîne la créativité, le contrôle du corps et la coordination, et favorise la prise de conscience de l'environnement urbain et naturel.


Le béton est un matériau tout à fait adéquat pour les infrastructures de Parkour. Une de force de ce projet était la liberté de design. Le parkour étant, par nature, une discipline qui s'adapte à son environnement, le parkour park a permis à l'entreprise PREFER de tester la production, avec des granulats recyclés, d'une série d'éléments destinés à des marchés plus larges. Par ailleurs, la proximité géographique entre, d’une part, le lieu de fabrication des granulats et le lieu de fabrication des éléments et, d’autre part, le site pilote à Seraing, est également un argument de poids dans la réduction de l’impact environnemental du projet.

Le design des éléments et du site dans son ensemble a été réalisé par des architectes de la TUDelft en collaboration avec la Liege Parkour School pour assurer l’adéquation des infrastructures aux besoins des pratiquants et futurs pratiquants.


Pour la Ville de Seraing, la création d’un Parkour park contribue aux objectifs du Master Park, de l’équipement des espaces jeunes et complète idéalement la revalorisation des parcours VITA.


Il existe quelques Parkour park en intérieur en Flandre et à Charleroi, mais jusqu’à présent, la Belgique ne comptait encore ce type d’activité à l’extérieur !

Comme pour tout projet innovant, de nombreux écueils techniques, juridiques et sécuritaires ont dû être surpassés pour qu’il puisse voir le jour. Nous saluons ici la patience, l’ouverture d’esprit ainsi que la créativité de toutes les personnes qui ont participé à la concrétisation de ce projet qui, espérons-le, apportera les éléments nécessaires à une valorisation efficace.



©Arebs


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